L'UE, qui veut ouvrir les marchés des pays en voie de développement, juge que la formule de baisse des droits de douane proposée dans le projet de texte de l'OMC le 16 juillet dernier "est le minimum que nous pouvons accepter", a indiqué une porte-parole du Commissaire européen au commerce, Pascal Lamy. De leur côté, les pays pauvres du G90 "ne veulent pas du texte" en question, dit "texte Derbez", a indiqué un délégué africain membre du G90. Ce texte avait déjà été proposé en septembre dernier lors de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun, qui s'est soldée par un échec. Cette conférence était présidée par le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis-Ernesto Derbez.
"Nous ne sommes pas d'accord avec ce texte, qui n'a pas été négocié et limite nos marges de flexibilité. Nous voulons au contraire que la baisse des droits de douane puisse se faire sur la base du volontariat", a ajouté le délégué africain. La Tunisie, l'Ouganda et le Zimbabwe paraissent les plus opposés à ce texte qui prévoit une ouverture accrue des marchés aux importations de produits industriels, selon une source proche des discussions.
"Il y a une forte opposition au texte Derbez au sein des 52 pays du groupe africain", a déclaré le ministre mauricien du Commerce, Jaya Krishna Cuttaree, même si les 34 pays les moins avancés (PMA) "ont pris une position plus flexible". Lors d'une réunion du groupe africain prévue en milieu de journée, "on va essayer de voir comment arriver à une position qui satisfasse tout le monde", a-t-il ajouté. Une rencontre a eu lieu jeudi matin entre l'UE et le G90. A cette occasion, "Pascal Lamy nous a dit qu'il ne comprenait pas notre opposition sur les droits de douane industriels", a indiqué le délégué africain.
Les négociations se poursuivaient jeudi à la mi-journée au siège de l'OMC à Genève, dominées par les discussions agricoles, alors qu'un nouveau projet d'accord global (agriculture, industrie, services, développement...) était attendu dans la soirée. Plusieurs pays en développement conditionnent leur accord sur les droits de douane industriels à un engagement des pays développés, notamment l'UE et les Etats-Unis, de réduire leurs subventions agricoles. "De nombreuses délégations ont fait le lien entre tout progrès sur les droits de douanes industriels et des progrès dans l'agriculture", a confirmé mercredi soir une source proche des discussions. "Sur l'agriculture, ça va aller", a espéré M. Cuttaree. "Personne ne veut qu'il y ait un échec". |